Avant la pandémie de coronavirus 2019 (COVID-19), l’efficacité du port de masques communautaires pour réduire la propagation des infections respiratoires était controversée car il n’existait pas de données solides et pertinentes pour soutenir leur utilisation. Au cours de la pandémie, les preuves scientifiques se sont multipliées. Des données convaincantes démontrent désormais que le port du masque communautaire est une intervention non pharmacologique efficace pour réduire la propagation de cette infection, en particulier comme contrôle à la source pour empêcher la propagation à partir de personnes infectées, mais aussi comme protection pour réduire l’exposition des porteurs à l’infection.
Le COVID-19 se propage principalement par les gouttelettes respiratoires exhalées lorsque les personnes infectées respirent, parlent, toussent, éternuent ou chantent. La plupart de ces gouttelettes ont un diamètre inférieur à 10 μm, souvent appelées aérosols. La quantité de petites gouttelettes et de particules augmente avec le taux et la force du flux d’air pendant l’expiration (par exemple, en criant, en faisant de l’exercice vigoureux). L’exposition est d’autant plus grande qu’une personne est proche de la source des exhalaisons. Les plus grosses gouttelettes tombent rapidement de l’air, mais les petites gouttelettes et les particules sèches qui en sont issues (c’est-à-dire les noyaux de gouttelettes) peuvent rester en suspension dans l’air. Dans des circonstances où la ventilation est insuffisante, généralement dans des espaces clos intérieurs où une personne infectée est présente pendant une période prolongée, les concentrations de ces petites gouttelettes et particules peuvent s’accumuler suffisamment pour transmettre l’infection.
Le port d’un masque communautaire réduit considérablement la transmission du coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) de deux manières. Premièrement, les masques empêchent les personnes infectées d’exposer d’autres personnes au SRAS-CoV-2 en bloquant l’exhalation de gouttelettes contenant le virus dans l’air (ce que l’on appelle le contrôle de la source). Cet aspect du port du masque est particulièrement important car on estime qu’au moins 50 % ou plus des transmissions proviennent de personnes qui ne développent jamais de symptômes ou qui sont dans la phase présymptomatique de la maladie COVID-19.1 Lors de récentes expériences en laboratoire, les masques en tissu multicouches se sont avérés plus efficaces que les masques à une seule couche, bloquant jusqu’à 50 % à 70 % des petites gouttelettes et particules exhalées.2,3 Dans certains cas, les masques en tissu ont eu des performances similaires à celles des masques chirurgicaux ou de procédure pour le contrôle de la source. Deuxièmement, les masques protègent les personnes non infectées qui les portent. Les masques forment une barrière contre les grosses gouttelettes respiratoires qui pourraient se poser sur les muqueuses exposées des yeux, du nez et de la bouche. Les masques peuvent également filtrer partiellement les petites gouttelettes et particules de l’air inhalé. Des couches multiples de tissu et des tissus avec un nombre de fils plus élevé améliorent la filtration. Cependant, l’efficacité observée des masques en tissu pour protéger le porteur est inférieure à leur efficacité pour le contrôle à la source,3 et la capacité de filtration des masques en tissu peut dépendre fortement de la conception, de l’ajustement et des matériaux utilisés. Des normes pour les masques en tissu sont nécessaires pour aider les consommateurs à choisir les produits commercialisés.
Les enquêtes épidémiologiques ont permis de quantifier les avantages du port du masque pour prévenir la propagation du SRAS-CoV-2 (tableau ; supplément). Dans un salon de coiffure où le personnel et les clients étaient tenus de porter un masque en vertu d’une ordonnance locale et de la politique de l’entreprise, deux coiffeurs infectés et symptomatiques se sont occupés de 139 clients et aucune infection n’a été observée chez les 67 clients qui ont été contactés pour être interrogés et testés. Au cours d’une épidémie de COVID-19 sur le USS Theodore Roosevelt, les personnes qui portaient un masque présentaient un risque réduit de 70 % d’être testées positives pour l’infection par le SRAS-CoV-2.4 Des réductions similaires ont été signalées dans les enquêtes sur les contacts de cas lorsque les contacts étaient masqués5 et dans les groupes de ménages dont les membres étaient masqués.